mercredi 27 août 2014

Periphery : "mais oui, c'est clair !..."

En attendant le troisième album Juggernaut qui devrait arriver d'ici peu, Periphery nous gratifie d'un mini-album/EP au concept très original.

Periphery
En effet, Clear est le fruit d'une expérimentation musicale collaborative : hormis le titre d'ouverture, chaque morceau a été composé par un membre du groupe en particulier, chacun étant également amené à intégrer dans leurs pièces respectives un bout de l'intro. On se retrouve donc avec une galette assez hétérogène dans son ensemble, permettant de cerner le style de chaque membre, entre les envolées pop de certains (Feed The Ground, The Parade Of Ashes) et les instrus plus cérébrales d'autres (Zero, Extraneous). En parlant de pop, il est étonnant de voir que le chant se fait bien plus mélodique et bien plus accessible que dans les précédents albums, à tel point qu'on pourrait croire à du pop rock à grosses guitares. Cependant, les passages plus lourds et autres chants hurlés ne sont pas à exclure : ça reste du djent. En résumé, un mini-album groovy, mélodique et varié qui nous permet de patienter avant l'énorme concept album qui devrait rapidement voir le jour.

mercredi 20 août 2014

Actress, une certaine idée du "son dancefloor"

  • Actress Ghettoville

Le cota "bizarre" du jour.

Darren Cunningham est un DJ britannique d'une trentaine d'années qui se destinait à une carrière de footballeur professionnel avant qu'une vilaine blessure au genou ne le sorte des terrains pour le jeter dans les bras de la musique qu'il étudie à l'université.

Il sort un premier album en 2008, Hazyville, qui attise la curiosité de la critique. Son univers sombre, entre musique abstraite et influence des recettes du "son dancefloor" (cher à Fun radio), étonne, provoque et, pour pimenter le tout, le Dj fait preuve d'une attitude un poil cabotine lors de ses interviews.

Ghettoville, son troisième album, co-produit par Ninja Tune, confirme la place à part d'Actress dans le décor électro. Sample un peu faignant, atmosphère planante et froide, on imagine mal la foule en liesse danser lors de son passage aux dernières Nuits sonores. Une armée de zombies à la limite.
Actress s'amuse à tordre le cou au RNB, au rap, à la techno ou à la dub. Il les ralentit jusqu'à la gêne, les essentialise jusqu'à en garder le squelette un brin terrifiant et surtout, pour rendre sa musique et ses sons bien abstraits, il garde autant qu'il peut les "coutures". On croit entendre les pixels sur des sons archi-compressés, les enregistrements donnent l'impression d'avoir été saisis à l'arrache comme sur l'ouverture de l'album, Forgiven, ou d'incongrus gazouillis d'oiseaux accompagnent des nappes à forte connotation industrielle.

L'ensemble est assez perché et étonnant. De l'ambient music pour robots dépressifs. A déconseiller aux plus conservateurs d'entre vous mais pas aux plus curieux qui trouveront là un album surprenant, ardu et furieusement contemporain.


Forgiven


Our

Chroniqué à la Bande Son !

mercredi 13 août 2014

Fuck Buttons, à l'assaut des tympans

  • Fuck Buttons Slow focus

Attention, certaines oreilles vont saigner ? Que les plus sensibles d'entre vous s'éloignent, le duo d'Anglais de Fuck Buttons ne fait pas dans la demi-mesure. Calé entre noise et drone (noise pour le côté bruitiste et drone pour le bourdonnement, les sons répétés), leur musique électronique a quelque chose d'expérimental et un peu tordu. Les sons explosent de tous les côtés et le groupe semble prendre un malin plaisir à n'accorder aucune zone de confort à l'auditeur. Leur musique fait mal, mais à celui qui s'accroche, elle procurera de belles émotions.

Slow focus est leur 3ème album, 4 ans après Tarot sport sorti en 2009 qui avait déjà séduit la critique. Un de leur morceau a même été joué pour la cérémonie d'ouverture des J.O. de Londres orchestré par Danny Boyle ! Ah ces Anglais !
Pour cet album, les deux musiciens ont enregistré à la maison, en prenant leur temps et en s'accordant une liberté totale. Si les albums précédents étaient ouverts sur l'extérieur, conçus comme des voyages inter-sidéraux, celui-ci se veut comme une quête intime, une exploration de soi. La richesse de la production est assez vertigineuse et il y a de quoi s'y perdre. L'univers est labyrinthique, foisonnant et parfois violent. On n'en revient pas en un seul morceau, comme lors de leurs concerts qui sont, paraît-il, un déchaînement vertigineux de décibels.

Mais quoi me direz-vous, du bruit, des torsions voire de la torture et le plaisir dans tout ça ? Et bien c'est ça qui rend cet album sympathique, c'est que la beauté ne se laisse pas apprivoiser si facilement. Elle réclame patience et attention et elle n'éclot même pas toujours ou bien après de longues minutes et pas forcément où on l'attendait. Elle réclame une immersion de la part de l'auditeur, une immersion risquée dans un espace mouvant parfois brutal, comme sur le premier titre, Brainfreeze, qu'il fallait avoir le cran de mettre en ouverture. Un trip musical, un vrai !


Brainfreeze


The Red wing

Chroniqué à la Bande Son !

mercredi 6 août 2014

Daniel Avery, robot romantique

  • Daniel Avery Drone logic

Par un maléfique coup du sort, le nouveau petit prodige de l'électro chéri des Français amateurs du genre nous vient de la perfide Albion. Daniel Avery a eu l'honneur d'un gros buzz dans toute la presse qui touche de près ou de loin la musique électro et à la reconnaissance d'un concert au prestigieux Grand Palais à Paris lors d'une soirée autour de l'expo Dynamo. Pas mal pour un gringalet de 27 ans encore quasi inconnu il y a un an.

Drone logic est donc son premier album. Le jeune DJ l'envisage comme une réflexion sur la "vibration, le tremblement sonore". Il y a du Chemical Brothers dans sa musique, cette manière d'étirer un son ou un beat jusqu'au dépouillement et d'aménager des transitions, des ponts entre des sons qui mettent l'auditeur/danseur en transe. Et si c'est moins chaleureux que chez les glorieux aînés, c'est que le froid de la machine a pris le dessus. Avery privilégie la complexité à l'émotion, se rapprochant du langage froid de la machine. Pourtant, on a parfois l'impression "d'entendre un robot pleurer" comme disent justement les Inrocks et c'est foutrement beau.


Water jump


Drone logic

Chroniqué à la Bande Son !