samedi 29 mars 2014

Janelle Monae, notre MVP de 2013

  •  Janelle Monae The Electric lady

Bienvenu dans le futur où les progrès scientifiques font des miracles. La preuve, on a ressuscité les Supremes, mieux encore, on les a arrangées à la sauce 21ème et réussit l'exploit d'effacer leur côté lisse un peu désagréable à coup d'embardées hip-hop délicieusement friponnes, le tout réalisé par une seule femme. L'objet de tous les fantasmes, c'est Janelle Monae, 28 ans, mi-femme mi-androïde qui après avoir semé la panique en 2010 dans le petit monde du R'N'B avec son incomparable album The ArchAndroid revient encore plus fort en 2013 avec The Electric lady. Elle a gardé son concept de personnage robotique et s'offre le luxe de quelques featurings de grande ampleur : Erykah Badu, Esperanza Spalding ou encore Prince, ça donne une indication sur la place de la jeune femme dans l'univers de la soul.

Et avec cet Electric lady, elle se place tout en haut Janelle Monae et affiche des ambitions folles. L'album, tout en démesure, fait 19 titres, plus d'une heure de musique, et explore tous les confins de la soul. Des titres commerciaux taillés pour la bande FM aux délires de studio de musiciens débridés, Monae ne se refuse rien. La voix pleine d'assurance et de charme de la chanteuse peuple ce voyage intersidéral qui n'est pas trop grand pour elle. Sur l'ensemble, elle parvient à faire preuve d'un charisme et d'une énergie très rock. On n'en attendait pas forcément autant chez une jeune artiste qui sait se montrer délicate et douce mais qui n'hésite plus maintenant à se tailler elle-même des galons de diva, avec autorité. Ainsi, sur l'un des tubes du disque, Q.U.E.E.N., elle se met à rapper sur la fin du morceau avec une fougue et une maîtrise presque agressive. Brrr ! On adore se faire maltraiter de la sorte !

Sans s'ennuyer une seconde, on passe de la bande originale d'un film de blaxpoitation, à l'opening tout en emphase d'un James Bond pour finir dans les cales pleines d'arcs-en-ciel du Pacific Princess de la croisière s'amuse. L'album entier est jouissif et fédérateur. Je ne suis d'ailleurs pas le seul à en faire mon album de l'année, Prince en personne le considère comme le meilleur de 2013. Ca n'est pas volé tant Monae réussit à convaincre qu'elle est à elle seule l'avenir de la soul renvoyant la reine mère Beyonce à ses études et reléguant la concurrence R'N'B au rôle de petite sœurs bruyantes sans imagination. Elle sait tout faire et ne se gêne pas pour le montrer. Le futur lui appartient, il est entre de bonnes mains !


Q.U.E.E.N.


Dance Apocalyptic

Chroniqué à la Bande Son !

mercredi 26 mars 2014

Vincent Delerm, ce qu'on appelle surprendre son monde

  •  Vincent Delerm Les Amants parallèles

Je ne sais pas si c'est lui ou moi mais une chose est sûre, quelque chose a changé ! Vincent Delerm, 37 ans, champion incontesté des lecteurs de Télérama et des profs de français, la cible préférée des détracteurs de la "nouvelle" chanson française, revient avec un 5ème album (studio) éblouissant. On n'imagine pas combien employer ce qualificatif me coûte pour parler d'un homme qui ne m'inspirait jusqu'ici que du mépris et encore, un mépris tranquille, mais devant le talent, il faut s'incliner. Bon dieu quel plume !

Les Amants parallèles ne devrait pas décevoir les inconditionnels de Delerm mais il risque d'élargir son auditoire. La ligne n'a pas vraiment changé, toujours les mêmes thèmes, les mêmes arrangements simples et efficaces, le même piano omniprésent et cette façon de poser sa voix reconnaissable entre mille, pourtant c'est différent. A la fois plus de finesse, de délicatesse et aussi plus de profondeur et une grande maîtrise des ressorts narratifs. Dans ce disque, certains passages sont de véritables moments proustiens générationnels, des moments de pur plaisir littéraire, comme si on était en présence d'un Houellebecq romantique.

Il y a beaucoup d'émotions dans cet album, des beaux souvenirs, la nostalgie qui va avec, des moments de grâce jamais lourdingues, de l'humour et toujours ce questionnement, angoissant, dérisoire et universel : qu'est-ce que je fous ici ?
La palette de Delerm s'est étoffée. Certains titres ont la saveur âcre que goûtent fort les amateurs de Miossec par exemple (ça reste relatif à Delerm, on est d'accord!). Plusieurs textes sont lus sur des arrangements, plus joués que chantés. Ca nous rappelle au bon souvenir de l'excellent Arnaud Fleurent-Didier (déjà 2010 quand même).

Un retour au sommet de sa forme donc avec en prime une des plus jolies chansons de 2013, Les Amants parallèles qui donnent son nom à l'album, 1min41 d'une finesse invraisemblable.


Les Amants parallèles

Chroniqué à la Bande Son !

samedi 22 mars 2014

Sugar Man : des fois, la vie, c'est beau

La très émouvante (et véridique) histoire de Sixto Rodriguez, talentueux songwriter américain tombé dans l'oubli sans savoir qu'il était au même moment une vedette et un modèle pour tout un peuple à l'autre bout du monde.

Sugar man est le récit d'une enquête magnifiquement mise en image et montée par le réalisateur suédois Malik Bendjelloul. Cette enquête, c'est celle d'une poignée de fans à la poursuite d'un musicien mystérieux et inconnu, vraisemblablement mort, alors qu'il est une véritable star en Afrique du Sud. Sixto Rodriguez, chanteur folk des années 70, a sorti deux albums splendides dans ces années qui n'ont malheureusement pas rencontré le succès. C'est du moins ce que croit savoir le chanteur qui découvre, un quart de siècle plus tard, que ses chansons sont des hymnes en Afrique du Sud. L'homme rencontre alors, avec une simplicité bouleversante, le succès qu'il avait tant mérité.

L'histoire est déjà belle en elle-même. Elle prend des dimensions de parabole avec les acteurs en jeu : une industrie musicale tour à tour naïve mais passionnée ou carrément véreuse ; un pays où règne l'Apartheid qui découvre la subversion par l'intermédiaire d'un ouvrier de Détroit et enfin et surtout l'incroyable personnage qu'est Rodriguez, d'une humanité superbe, entier, émouvant, infiniment sage et grand. Le documentaire se regarde comme un film à suspense, ce qu'il doit beaucoup à la science du montage de Bendjelloul, véritable conteur dans cet exercice. L'académie des Oscars ne s'y est pas trompée en lui décernant le prix du meilleur documentaire de 2012. Ajouter à cela bien sûr une bande-son magnifique (on n'en revient pas à l'écouter que Rodriguez soit passé à côté d'une grande carrière) composée d'extraits des 2 albums du chanteur et on obtient le meilleur documentaire musical vue depuis des lustres.

Un film qui fait aimer la folk, la musique et la vie.!



lundi 17 mars 2014

Top of the lake: une mini-série envoutante et déroutante

Diffusée sur Arte au mois de novembre avec succès, la mini-série Top of the lake de la réalisatrice Jane Campion nous entraine au milieu d'une nature à couper le souffle et dans une histoire destabilisante.
Tui, jeune fille de 12 ans enceinte, disparaît. Chargée de l'enquête Robin Griffin se retrouve très vite confrontée à Matt Mitcham père de Tui et baron de la drogue de la région. L'enquête prend une tournure de plus en plus personnelle pour l'enquêtrice et va jusqu'à l'ebranler profondément.
Sur fond d'enquête policière, Jane Campion dépeint une atmosphère ou le mystique et l'étrangeté cotoie une nature à la fois envoutante et mystérieuse. Les acteurs sont à l'instar de la nature, décalés, étanges et surprenants, mention spéciale à Holy Hunter, parfaite en gourou mystique, Peter Mullan en père à la fois brutal et sentimental et Elisabeth Moss fragile et à fleur de peau.
Une belle réussite sur seulement 7 épisodes.
 Maintenant disponible à la médiathèque

mercredi 12 mars 2014

Hatufim: la série qui a inspiré Homeland

Vous connaissez peut-être la série Homeland. Non ? Petit résumé pour les plus préssés. Nicholas Brody est libéré au terme de 8 ans de détention par Al-Quaïda. De retour aux Etats-Unis, il est accueilli en héros. Seule Carrie Mathison, agent de la CIA et accéssoirement bipolaire, est persuadée que Nicholas est un agent double à la solde d'Al-Quaïda. Si Homeland s'attache à entrainer le spectateur vers la duplicité supposée d'un agent retourné dans la mère patrie, Hatufim s'attache au retour et à l'intégration de soldats, torturés et coupés du monde pendant 17 ans.
 Dès le premier épisode le cadre est posé. 3 jeunes soldats sont miraculeusement libérés après 17 ans de captivité. Deux d'entre eux seulement rentrent au pays. Erigé en héros via un mobilisation nationale forte et l'engagement des familles, leur retour fait l'objet de toutes les attentions. Seulement, 17 ans c'est long. Qu'adviennent les familles? Ont-elles refait leur vie? Qui sont ces deux soldats qui rentrent et qui sont indubitablement marqués par des années d'enfermement et de torture? Comment se réadapter à la vie?
Cette première saison ne s'attache pas uniquement à un duo comme on peut le constater bien vite dans Homeland, mais fait la part belle à 3 soldats et leur famille. De plus, elle pose une question brulante en Israël, celle du retour de soldats partis bien jeunes (à 18 ans pour certains) après des années de captivités.

La première saison de cette série a été diffusée en Israël en 2010. Suite au succès, une deuxième saison est sortie en 2012. Arte a diffusé la première saison en 2013.

Elle est maintenant à la médiathèque et nous vous la recommandons chaudement!

Pour vous donner l'eau à la bouche un petit extrait le retour des deux soldats (épisode 1)
http://dai.ly/xznslx

samedi 8 mars 2014

L'Instant metal de janvier 2014 : back to the roots (ou pas...)

 

Ça fait déjà un bail que l'année 2014 est attaquée et qu'elle a apportée son lot de nouveautés à la médiathèque, dont un album de metal. Petite chronique de l'album Vigilance des canadiens de Threat Signal, sorti en 2009.

Jaquette de Vigilance
Pour vous parler un peu de cet album et de la musique du groupe en général, il faut savoir que Threat Signal est une bande de gars qui s'est dit : "Bon, le metal, c'est pas aussi bien qu'avant ! Nous, on va faire du metal, certes moderne, mais aussi lourd, technique et mélodique". Voilà donc le credo derrière des riffs soit dynamiques et techniques, ou plus simples mais efficaces. La batterie est toujours au taquet, privilégiant souvent le tempo modéré et groovy, bien qu'on retrouve également des patterns plus rapides typiques du thrash. L'alternance chant hurlé/chant clair est également bien présente, le premier étant surpuissant. Le deuxième a deux particularités : on sent d'abord que Jon Howard, en allant dans les aigus, semble avoir un peu de mal et possède donc un chant clair assez criard, mais qui passe très bien et lui évite de tomber dans le niais. Et bien que cela puisse paraître surprenant, son chant clair se rapproche énormément de celui de Chester Bennington de Linkin Park (la preuve dans l'extrait ci-dessous). Enfin, on a également droit à de petites touches électroniques et industrielles bienvenues. Le seul point noir de la galette reste la production : autant la batterie et le chant sont plutôt bien mis en avant, autant le son de guitare, pour un album qui se veut certes précis mais surtout lourd et efficace, manque vraiment de patate et mériterait d'être plus massif. Mais le reste n'est certainement pas à jeter et je vous laisse apprécier cela avec Through My Eyes.

lundi 3 mars 2014

The Cave : un puzzle game furieusement ironique


The Cave est un puzzle game qui peut se jouer seul ou à 3 joueurs. Il est édité par Double Fine Productions. Double Fine Productions est un studio de développement indépendant basé à San Francisco et fondé par Tim Schafer en 2000. Tim Schafer est bien connu dans le monde des jeux-vidéo pour les triple casquettes, dialogues et scénarios et programmations. Après avoir décroché son diplôme en informatique, il est employé par la firme LucasFilms Games et il signe les dialogues de The Secret of Monkey Island et Monkey Island 2: Le Chuck's Revenge et participe par la suite au célèbre jeu : Maniac Mansion: Day of the Tentacle. LucasFilms croit en lui et le laisse aux manettes de deux jeux : Full Throttle et Grim Fandango, deux jeux d'aventure, qui n'obtinrent pas des succès commerciaux, mais des succès critiques pour les scénarios, les musiques et les ambiances.
Contrairement à beaucoup de développeurs, Tim Schafer, pense que le jeu est avant tout artistique et le monde de la littérature aurait beaucoup à apporter au monde vidéo-ludique.
Quand il fonde en 2000 Double Fine Productions, c'est toujours autour de cette esprit que les jeux devaient voir le jour. Leur première production est Psychonauts, sortie sur Playstation 2, Xbox, puis sur 360 et en 2012 sur Linux. Psychonauts est un jeu de plateforme, où le personnage principal se nomme Razpun (Raz pour les intimes) et entre dans les cerveaux de personnages. C'est un jeu avec une ambiance graphique, de l'humour et qui est maintenant disponible sur l'appstore et steam, petit extrait :  
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Après cette première expérience, Double Fine Productions développe 9 jeux jusqu'en 2013, soit 7 ans. En 2013, arrive The Cave, petit jeu d'énigmes édité par SEGA. Le jeu n'est pas très long, environ 2 à 3h. Au départ, on choisi 3 personnages parmi une galerie de 7 personnages archétypés et on entre dans la caverne. Chaque personnage a un pouvoir spécial, par exemple la voyageuse dans le temps peut se téléporter à travers certains objets, la scientifique peut pirater des terminaux informatiques, ou encore le moine a le pouvoir de faire bouger les objets à distance. La particularité du titre réside en : un chara design très décalé et parfaitement réussi, un sens de l'humour décapant et des personnages à jouer plus looser les uns que les autres, sans oublier des énigmes intéressantes. Chaque personnage va avoir son propre niveau. Les énigmes sont particulièrement tordues et requièrent soit de bien se coordonner si on joue seul, soit un esprit de coopération.
 Un extrait pour finir :