vendredi 19 septembre 2014

Casseurs Flowters : lâcheté, brutalité, précipitation...

Amis de la finesse et de la poésie...passez votre chemin. Tout du moins, pas ceux qui les apprécieraient avec une pointe de débauche. Révélés il y a quelques années avec Ils Sont Cools sur le dernier album en date d'Orelsan, le duo Casseurs Flowters qu'il forme avec Gringe débarquait l'année dernière avec un premier album après plus d'une dizaine d'années d'existence.

Jaquette de Orelsan et Gringe sont les Casseurs Flowters
A l'heure où un certain Kanye West se vante d'être "da number one rockstar in da planet" et où d'autres vantent leur "qualités" bien plus fantasmées qu'autre chose, les Casseurs Flowters sont de vrais loosers...et l'assument complètement. Dans ce concept album, inspiré par des classiques comme Ombre est lumière d'IAM, on suit la journée de deux flemmards, de 15h à 6h, ayant pour objectif d'écrire LE single réclamé par leurs producteurs à qui "[ils doivent] de l'oseille". Chaque "action" de l'intrigue est un prétexte à un nouveau morceau traitant de thèmes comme l'amitié ou la débauche (je reste poli). Mais tout cela n'est pas si simple que ça : en effet, cet album est, dans un paradoxe avec le côté fainéant des deux compères, extrêmement bien fait, jouant sur toute cette débauche et cette flemmardise typique déjà de l'univers d'Orelsan. Entre les egotrips et puchlines absurdes (15h45 - Stupide ¡ Stupide ¡ Stupide ¡, 18h30 - Bloqué), les discussions intellectuelles (16h22 - Deux connards dans un abribus, 01h16 - Les putes et moi), les parodies (14h58 - Casseurs Flowters Opening, 01h25 - Johnny Galoche), et les guests hauts en couleurs (01h14 - Couplet de Claude (Interlude), 04h41 - Greenje et Orselane), la galette est un festival de débilité mais également de textes bien écrits et collant parfaitement au contexte. On retrouve également quelques morceaux plus taillés pour le live (20h13 - La nouvelle paire, 22h31 - Fais les backs) et d'autres plus "sérieux" (20h08 - Dans la place pour être, 06h16 - Des histoires à raconter). Gros plus : Skread, entre autres, aux commandes de la production, nous livre des instrus toujours aussi soignées et efficaces. En résumé, un excellent album de rap sous le signe de la flemmardise et de la débauche. A prendre évidemment au second degré.

vendredi 12 septembre 2014

Abigoba : jazz à tendances urbaines et cinématographiques

Bien que ce style n'est pas celui que j'écoute le plus, le jazz a souvent tendance à m'impressionner. Fragments of Human Words & Voices d'Abigoba ne fait donc pas exception à la règle.

Jaquette de Fragments of Human Words & Voices
Vu la jaquette et la citation de David Lynch derrière au verso, on comprend très vite où le groupe lyonnais veut en venir : cet album se veut un patchwork d'atmosphères dignes de grandes productions cinématographiques. A l'écoute de la galette, le pari est réussi, à tel point qu'on pourrait même entendre le film tourner pendant le morceau. La principale force du disque réside surtout dans la capacité à passer d'une ambiance à une autre grâce à la richesse du style nu jazz qu'impose Abigoba. Ainsi, on retrouve des influences variées, venant du jazz, de la soul, du funk, du hip-hop et de l'electro ; des morceaux calmes et ambiants aux pièces plus dynamiques et rythmées ; toujours en gardant une ambiance urbaine typique du style et surtout du groupe. De quoi satisfaire à peu près tout le monde, chacun pouvant imaginer une scène, allant du polar au décor SF dystopique en passant par le film d'auteur. Évidemment, la performance est de qualité que ce soit de la part des membres du groupes ou des musiciens de session dont l'énorme Erik Truffaz. Seul China Moses me laisse un peu de marbre, simple question de goût. Abigoba nous sert donc un nu jazz chargé d'ambiances et de musicalité, toujours dans un cocktail d'influences urbaines riche et varié.



P.S. : un grand merci à Jean-Luc Briançon, le master of soul, pour m'avoir offert cet album et à sa fille pour m'y avoir fait jeter une oreille !

vendredi 5 septembre 2014

Monuments (du djent ?...)

 

"Encore un !" me diriez-vous. Il est vrai que cet article est consacré à un énième groupe de djent, la vague moderne de metal progressif et expérimental. Laissez-moi quand même vous donner quelques arguments en la faveur de Gnosis des anglais de Monuments.

Jaquette de Gnosis
Alors que son groupe Fellsilent est dissout et que son ancien comparse Acle Kahney alimente son projet Tesseract, John Browne s'associe avec l'un des chanteurs de Fellsilent (rapidement remplacé) pour former Monuments, formation qui sort son premier album en 2012. A l'écoute de celui-ci, on pourrait effectivement avoir l'impression d'écouter une variante plus brutale de Tesseract. Cela n'empêche que l'album reste une bombe progressive efficace et mélodique. Entre grooves imparables, contretemps à la Meshuggah et les envolées ambient, le groupe sait varier son propos. Le disque est d'ailleurs bien structuré, les morceaux plus dynamiques et lourds se trouvant en première moitié d'album, les autres plus ambiants et plus casse-nuques dans l'autre moitié, le tout sans temps mort. A noter que l'édition limitée est agrémentée de deux pistes bonus, en l’occurrence, les versions instrumentales de deux morceaux de l'album. En ce qui concerne la performance, on est toujours aussi bien servi au niveau virtuosité de la part de tous les musiciens : batterie claquante, basse profonde et guitares bien équilibrées entre le côté mécanique et humain (à retenir l'énorme (et seul) solo sur Regenerate). La claque vient également du chanteur de l'époque Matt Rose (aujourd'hui remplacé par Chris Baretto, ex-Periphery), autant capable d'envoyer du chant hurlé agressif qu'un chant clair visant les notes les plus haut perchées. En parlant de voix, on note également l'apparition sympathique de Spencer Sotelo de Periphery au début de Denial. Monuments n'est donc pas qu'un énième groupe de djent, et il prouve avec Gnosis qu'il sait envoyer du bois en gardant son côté virtuose.