lundi 23 décembre 2013

La bande passante fait une pause de fin d'année

Bonjour à tous,

Afin de profiter des repas de famille, de l'ouverture des cadeaux et de tous les autres rituels de fin d'année, nous faisons une pause! Mais promis, on revient dès le début janvier!

Bonnes fêtes à tous!

Laetitia

samedi 21 décembre 2013

François Couperin, et la France découvrit la sonate

  •  François Couperin Complete sonatas


François Couperin (1668-1733), compositeur français issu d'une famille prestigieuse de musiciens, est connu pour ses tentatives de concilier les goûts français et italiens. Cet intégrale de sonates en est une belle illustration.

La naissance de la sonate française date des dernières années du XVII ème siècle. Elle souffre d'une mauvaise presse, les Français, attachés à leur langue n'arrivent pas à concevoir une musique purement instrumentale et le violon n'est pas reconnu alors comme un instrument noble, mais juste bon à faire danser. Couperin use d'un subterfuge pour composer et diffuser la première « sonade » française. En disciple de Corelli (1653-1713, compositeur baroque italien) et admirateur de Lully, Couperin compose une sonate qu'il fait passer pour l’œuvre d'un nouvel auteur italien. Il italianise son nom et sous ce nom d'emprunt s'attire de « grands applaudissements ».

Signe de la défiance de la France pour la sonate, les pièces de Couperin ne sont pas éditées ou tardivement, révisées et rebaptisées, certaines pour être introduites dans d'autres ensembles, d'autres projets. Ces sonates nous sont parvenues par des copies manuscrites. Quatre sont conservées à la BNF (La Pucelle, La Visionnaire, L'Astrée et La Steinquerque). La Sultane et La Superbe se trouvent dans un manuscrit appartenant au fonds de l'Académie des Beaux-Arts de Lyon (aujourd'hui à la BM de Lyon). Le manuscrit de La Convalescente a été découvert récemment, copié en 1714 par le violoniste Johan Georg Pisendel et conservé à Dresde. L'écriture des sonates de Couperin s’échelonnerait sur une 20aine d'années.

Les sonates sont composées de plusieurs mouvements (de 5 à 8). Ils se succèdent librement, parfois s'enchaînant les uns aux autres. Couperin recourt à une terminologie française pour qualifier le caractère ou le tempo : Gravement, Gayement, Lentement.

La Convalescente semble être la dernière des sonates composées par Couperin. Elle est composé de 6 mouvements Gravement - Vivement et fier – Lentement – Air gracieusement – Lentement – Vivement. Moment historique, puisque La Convalescente connaît ici un enregistrement en première mondiale, ayant été retrouvée il y a peu en Allemagne.
La sensibilité et la virtuosité des musiciens sont à la hauteur de l'événement, cet album est un véritable joyau et célèbre le génie du compositeur français, formidable passeur entre l'Italie, la France et l'Allemagne (Couperin sera un des modèles de Bach).


La Sultane

Chroniqué à la Bande Son !

mercredi 18 décembre 2013

Christopher Owens, ballades ensoleillées en Provence

  • Christopher Owens Lysandre


Après avoir détruit le cœur de nombreux fans en annonçant la séparation de son groupe Girls, Christopher Owens revient en 2013 avec un premier album solo aussi surprenant que réussi. On passera vite sur la bio rocambolesque d'Owens, une enfance passée aux 4 coins du monde dans une secte hippie les Children of God dont il s'échappe à 16 ans, un passage punk dans l'underground où il découvre les affres joyeuses de la défonce et le succès il y a 4 ans avec le groupe Girls qui vient tout juste de splitter.

Gueule d'ange maudit, charisme fou, Owens double ce potentiel physique d'un talent hors-norme pour un rock mélancolique et pourtant ensoleillé. Il possède une voix d'une grande expressivité et un remarquable don pour la composition. Lysandre en est une nouvelle illustration. Le disque est conçu comme un hommage, l'histoire d'une rencontre, celle d'Owens avec une Française au doux et étonnant prénom, croisé lors d'un concert donné par le jeune homme dans le sud de la France avec son groupe de l'époque. Et en effet, les 11 titres ont la beauté et la fraîcheur d'un amour de vacances, sa nostalgie aussi.

Tout commence avec une petite coquetterie très efficace imaginée par Owens, un thème, le thème de Lysandre bien sûr, qui sera repris ensuite plusieurs fois dans l'album sur des instruments différents, comme le thème des personnages sont repris selon les besoins narratifs à l'opéra. Ce petit gimmick assure la dimension narrative de l'album et lui donne un goût délicieusement suranné. Ces quelques notes de flûte traversière en début d'album nous placent dans les meilleures dispositions pour la suite.


Lysandre's theme

La suite va de ballades folk délicatement susurrées par la douce voix d'Owens à des morceaux plus pop et ensoleillés avec au beau milieu du disque une virée vers un paysage reggae sur l'excellent Riviera rock. On a rarement la chance d'écouter un album avec une telle homogénéité sans s'ennuyer une seule seconde. Le disque est court (moins d'une demi heure), mais chaque instant est précieux, comme un moment de plus volé au ciel triste de la rentrée. Lysandre, élu anti-dépresseur de l'année 2013 !


Here we go again

Chroniqué à la Bande Son !

samedi 14 décembre 2013

John Grant, sous la barbe le génie

  •  John Grant Pale green ghosts

John Grant est comme sa musique, inquiétant autant qu'attirant. Déjà, il vient du Texas, c'est souvent bon signe chez les dingues! Sorti de l'enfer de la drogue et de l'alcool, il propose son 2ème album solo Pale green ghosts après avoir frappé un grand coup en 2010 avec Queen of Denmark. L'ex leader des Czars offrait en 2010 un très bel album de folk, bien épaulé par les copains de Midlake, qui sonnait comme le retour en grâce de l'auteur-compositeur, enfin débarrassé de ses démons.

Du folk rock et de ses sonorités quasi country, Grant est passé à l'électro pop avec Pale green ghosts. Aidé cette fois-ci par un Islandais, Biggi Veira du groupe GusGus, il se paie le luxe de Sinéad O'Connor pour ses backs, not so bad! Signé chez Bella union, label de rock indé on ne peut plus classe, l'album a surpris son monde. Les synthés ont la part belle ainsi que les boucles électro, toujours accompagnés par la voix profonde et sensuelle de Grant. La guitare n'est jamais bien loin (GMT) et le piano vient à l'occasion compléter le tableau de famille (Glacier). Un voyage, certes, mais avec les valises bien remplies.

L'album démarre sous les meilleurs auspices avec le vénéneux titre qui donne son nom à l'album. La voix de Grant serpente entre les sons électroniques, gentiment rétro mais sans être pénible : ça sent moins les effets que la recherche de la meilleure sonorité pour témoigner d'un état d'inquiétude permanente, la vie sous une menace sourde et invisible, peut-être et sans doute d'origine paranoïaque. Le reste de l'album se déroule avec panache et bonheur. Le deuxième morceau, Black belt, témoigne s'il en était besoin de la virtuosité de Grant qui s'amuse avec les codes de la dance pour 4 minutes plaisantes et ironiques. Enfin, et on arrêtera là le détail des titres, le délicat et surprenant GMF au refrain simplement parfait :
"But I am the greatest motherfucker
Than you're ever going to meet,
From the top of my head
Down to the tips of the toes on my feet"

Pale green ghosts avec charme et élégance nous entraîne dans le monde étrange de John Grant. Au programme de la rando : balades électroniques, mélancolie, ironie et à la fin du voyage, découverte d'un paysage unique, beau, profond et drôle.


Pale green ghosts


GMF

Chroniqué à la Bande Son !

Settle de Disclosure

  • Settle de Disclosure


A peine la 20taine et déjà en tête des charts anglais avec des titres house.
Ces deux frères sont bercés dès l'enfance dans la musique par les parents, ils ont commencé par appprendre la batterie et la guitare en jouant des airs de pop musique. Ils auraient pu être des purs produits de la pop anglaise, mais la découverte des clubs vers l'âge de 17 ans a permis de construire une culture musicale tirée des deux univers.
Leur premier album Settle est l'alliance entre house et pop. La structure est empreintée à la pop (refrain-couplet-refrain) ce qui explique les morceaux calibrés pop d'environ 4 à 5 min., et un beat house, sur lequel on aimerait bien danser dans une boite de nuit. S'ajoute des voix bien choisies, tel Aluna Francis du groupe Alunageorge ou le ton haut-perché et aussi révélation Sam Smith.
Il faut savoir qu'en plus de tout cela, les deux frères ont fait leur album presque entièrement dans leur garage.
Pour être honnête, je n'ai pas accroché à la première écoute, trop house, trop lissé et calibré, parfait pour une boite de nuit, mais peu pour mes oreilles. Et puis, au fur et à mesure des écoutes, je me suis surprise dans le métro à bouger de la tête en rythme et je me suis dit, qu'il y avait peut-être matière à creuser.
Sur scène, les deux frères tiennent à leurs intruments. Batterie et guitare cotoient harmonieusement la table de mixage. Ils tiennent d'ailleurs à le signaler en mettant en évidence que les câbles ne sont pas branchés et ainsi exit le playback si souvent pratiqué dans la musique électro mainstream. De même, ils tiennent à se démarquer d'un certain David Guetta, qu'il considère, à juste titre comme un anti-artiste.

Donc voyons ce que ça donne:
1er extrait "Latch" avec Sam Smith



Voix haut-perché, physique atypique. Une voix sensuelle, une musique qui colle à la peau La voix de Sam Smith et les coeurs approximatifs de Guy et Howard, s'accordent avec la musique et le rythme house.

2ème extrait "Helps me lose my mind" avec London Grammar



Disclosure est en concert à Paris dans le cadre du festival Pitchfork music festival le 1er novembre et le 9 novembre au festival I love Techno à Gent en Belgique.


mercredi 11 décembre 2013

Valerie June, croisière sur le Mississipi

  •  Valerie June Pushin' against a stone

Encore une production de l'omnipotent Dan Auerbach, moitié des Black keys.

Valerie June naît en 1982 à Jackson dans le Tennessee dans une famille de 5 enfants. Son père, promoteur de chanteurs de gospel et autres, lui offre une jeunesse et une adolescence bercée par la musique, principalement celle du sud. Elle y consacre sa vie et après 3 albums auto-produits, elle signe sur le label Sunday best recordings en 2013, Pushin' against a stone, co-produit par Auerbach, enregistré à Nashville, dans le fief du musicien.

Le folk-blues, voilà ce qui pourrait le mieux définir le style de June. Sa voix est d'un autre âge, celle d'un vieux monsieur comme disait déjà sa mère quand elle était plus jeune. La voix d'une femme qui aurait roulé sa bosse comme un vieux bluesman du haut de ses 31 ans. Très expressive et profonde, sa voix suffit à nous transporter sur le mystique Mississippi. Comme avec Dr John, Auerbach se « contente » (entre guillemets car ça n'est pas peu de chose) d'accompagner avec grand talent cette voix hors du commun et de ressusciter au passage de vieux et beaux fantômes, les ancêtres blues de la jeune femme.

La plupart des chansons sont co-écrites par Auerbach et June. Cette dernière joue aussi guitare et ukulélé. Un violon aux accents du sud vient sur quelques morceaux nous rappeler où nous sommes. La sensibilité et le charme de la chanteuse traverse tout l'album. Sur la pochette du disque, on peut admirer ce visage au charisme farouche. Forêt de dreads dressées sur la tête, regard fier et traits angéliques, oui, c'est vrai, c'est injuste, il y en a qui ont vraiment tout !


Workin' Woman Blues
L'ouverture, plutôt réussie, de l'album.


You can't be told
Où l'on reconnaît fortement la patte de Dan Auerbach.

Chroniqué à la Bande Son !

samedi 7 décembre 2013

Dead combo, les mystères de Lisbonne

(un peu facile le titre mais c'était trop tentant!)
  •   Dead combo Lisboa mulata

Drôle de duo portugais qui sévit depuis 2003, composé de To trips à la guitare électrique et de Pedro Goncalves pour le reste des instruments : guitare électrique, basse, mélodica, kazoo, percussions... Les deux musiciens qui se sont composés 2 personnages, le gangster et son gardien, nous proposent de partir à la découverte de leur Lisbonne personnel. Lisboa mulata Lisbonne métisse en VF, sorti en 2011, est à la croisée de leurs univers : entre le jazz, le rock, le fado mais aussi les bandes-son de western signées Ennio Morricone.

Il s'agit de leur 5ème album, le premier à arriver jusqu'en France. Dans ce dernier, le guitariste américain Marc Ribot (guitariste de Tom Waits entre autre, excusez du peu!) vient prêter main forte au duo sur la moitié du disque. Les 11 titres sont riches, traversés chaque fois d'une atmosphère particulière et envoûtante. Très influencé par le cinéma, la musique des Dead combo évoque autant qu'une bonne bande-originale de film. Le long-métrage est dédié à Lisbonne et à ses mystères qui hantent l'album dans son ensemble jusqu'au morceau de bravoure Ouvi o texto muito ao longe avec le grand chanteur de fado Camané que les musiciens s'amusent à ne pas faire chanter mais qui récite à la perfection.

Ils étaient présents aux dernières Invites de Villeurbanne, édition 2013. Dead combo ou la richesse d'une tradition finement modernisée.


Lisboa mulata

Chroniqué à la Bande Son !

mercredi 4 décembre 2013

muramasa the demon blade

  • Muramasa the demon blade


Ce jeu s'inspire de la mythologie japonaise. Pendant l'ère Genroku (1688 à 1704), le shogun était avide de puissance, cruel et le peuple vit avec la peur de la réapparition des démons. L'assassin Kisuke qui a perdu la mémoire et la princesse Momohime habitée par l'esprit d'un épéiste vont silloner le japon afin d'affronter les 108 sabres maudits.
Avec son savoir faire en 2D, le studio Vanillaware, nous livre un jeu aux décors sublimes où les mythes et légendes du japon féodal sont magnifiés. Les couleurs chatoyantes sont au rendez-vous avec une palette subtile et riche. Le gameplay limpide et fluide n'altère pas la qualité de l'expérience de jeu.
J'apprécie tout particulièrement la possibilité de jouer avec l'un des deux personnages.
Les nombreuses références à la culture japonaise traditionnelle et l'emploi du style estampe, rapproche l'ambiance de ce jeu du sublime Okami.
Il faut bien se l'avouer, ce jeu est un brin old school (et c'est un euphémisme!)